Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/186

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Vient faire ici la Pâque. — Et pour cette raison
« Le maître du logis donnera sa maison.
« Il sied que Dieu toujours nous mène où bon lui semble.
« Et nous célébrerons la Pâque tous ensemble.

Et cela s’était fait ainsi qu’il l’avait dit.

Ce que la Cène vit et ce qu’elle entendit
Est écrit, dans le livre où pas un mot ne change,
Par les quatre hommes purs près de qui l’on voit l’ange,
Le lion, et le bœuf, et l’aigle, et le ciel bleu ;
Cette histoire par eux semble ajoutée à Dieu
Comme s’ils écrivaient en marge de l’abîme ;
Tout leur livre ressemble au rayon d’une cime ;
Chaque page y frémit sous le frisson sacré ;
Et c’est pourquoi la terre a dit : Je le lirai !
Les âmes du côté de ce livre mendient,
Et vingt siècles penchés dans l’ombre l’étudient.

C’était donc le soir même où cet être divin
Venait de partager le gâteau sans levain ;
Christ, assis, lui treizième, au centre de la table,
— Et ce noir chiffre Treize est resté redoutable, —
Avait rompu le pain, versé le vin, disant :
« Mangez, voici ma chair ; buvez, voici mon sang. »
Puis il avait repris : « Allons où Dieu nous mène ! »
Et tous étaient allés en sortant de la Cène