Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/257

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Oh ! puisque c’est ainsi que les choses sont faites,
Puisque toujours la terre égorge ses prophètes,
Qu’est-ce qu’on doit penser et croire, ô vastes cieux !
Contre la vérité le prêtre est factieux ;
Tous les cultes, soufflant l’enfer de leurs narines,
Mâchent des ossements mêlés à leurs doctrines ;
Tous se sont proclamés vrais sous peine de mort ;
Pas un autel sur terre, hélas, n’est sans remord.
Les faux dieux ont partout laissé leur cicatrice
A la nature, sainte et suprême matrice ;
Partout l’homme est méchant, cœur vil sous un œil fier,
Et mérite la chute immense de l’éclair ;
Toute divinité dans ses mains dégénère
En idole, et devient digne aussi du tonnerre.
Qui donc a tort ; qui donc a raison ; que penser ;
Dieu semble chaque jour plus avant s’enfoncer
Dans la profondeur sourde et fatale du vide ;
Le Zend est ténébreux ; le Talmud est livide ;
Nul ne sait ce qu’un temple, et le dieu qu’on y sent,
Aime mieux voir fumer, de l’encens, ou du sang ;
Toute église a le meurtre infiltré dans ses dalles ;
Les chaires font en bas d’inutiles scandales,