Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/304

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re.

Elle vola longtemps ; — l’homme n’a pas de nombre
Pour compter ce temps-là ; — son vol fier était sûr.

Tout à coup, dans un angle informe de l’azur,
Elle vit l’écurie énorme des nuées.
On entendait sonner des chaînes dénouées,
Et rouler on ne sait quels effrayants essieux ;
L’ange Eclair travaillait dans cet antre des cieux ;
Il en faisait sortir tous les chars du tonnerre ;
Quelques-uns n’étaient faits que de flamme ordinaire ;
D’autres semblaient forgés dans l’enfer par les nuits ;
Et des ruissellements de foudres inouïs
Ebauchaient vaguement leur forme épouvantable ;
Les écueils dans la mer, les taureaux dans l’étable,
Sont des roucoulements près des monstrueux bruits
De tous ces chars avec de l’abîme construits.

Liberté s’avança vers l’Eclair. L’immortelle
Sourit : — Ange, tu dois connaître, lui dit-elle,
L’éclatant Lucifer tombé dans le trépas.
— C’est moi qui l’ai frappé, je ne le connais pas,
Dit l’Eclair. — Mais le gouffre où tu jetas cette âme,
Tu peux me le montrer ; — Non, dit l’esprit de flamme.
Va trouver le vieil ange Hiver. Il est le seul
Qui connaisse les plis ténébreux du linceul.
Moi, je ne me souviens de rien. Je brise, et passe.