Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/314

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gnes. Cependant un obstacle résiste ;
« Dans cette fourmilière obscure un peuple luit ;
« Il est le verbe, il est la voix, il est le bruit ;
« Il agite au-dessus de la terre une flamme ;
« Ce peuple étrange est plus qu’un peuple, c’est une âme ;
« Ce peuple est l’Homme même ; il brave avec dédain
« L’enfer, et, dans la nuit, cherche à tâtons l’Eden ;
« Ce peuple, c’est Adam ; mais Adam qui se venge,
« Adam ayant volé le glaive ardent de l’ange,
« Et chassant devant lui la Nuit et le Trépas ;
« Il va ; tous les progrès sont faits avec ses pas ;
« Pas de haute action que ses mains ne consomment ;
« Les autres nations l’admirent, et le nomment
« FRANCE, et ce nom combat dans l’ombre contre nous.
« Cette France est l’amour et la joie en courroux,
« C’est le bien qui rugit, l’idéal qui s’irrite ;
« Tous nos prêtres, docteur qui ment, juge hypocrite,
« Faux juges, faux savants déformant les esprits,
« Nagent dans le crachat de son large mépris ;
« Elle est volcan, torrent, flot, lave ; elle bouillonne ;
« Fière, elle a plus qu’Athène et plus que Babylone,
« Elle a Paris, la Ville univers, pour cerveau ;
« Sur l’horizon humain, vaste, orageux, nouveau,
« Elle souffle la vie ainsi qu’une tempête.
« Mais écoute, ce peuple est vaincu : sur sa tête
« J’ai mis le joug ; il est l’aube, je suis la fin.
« La pierre dont Abel fut frappé par Caïn,
«