Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/320

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ordinaire,
Superbe, souriant, descendait.

                                    Sa clarté
Sereine, blêmissait l’enfer épouvanté.
Le chaos éperdu montra sa pourriture.
On voyait au zénith du gouffre une ouverture
D’où tombait la lueur ineffable des cieux.
La géhenne s’ouvrit comme un œil chassieux ;
Tout le plafond, pendant en haillon formidable,
S’éclaira. L’on put voir le fond de l’insondable,
Et les recoins confus du grand cachot souillé ;
L’abîme frissonna comme un voleur fouillé ;
On distinguait les bords des précipices traîtres ;
Les brouillards qui flottaient prirent des formes d’êtres
Monstrueux, qui semblaient ramper, et vivre là ;
La menace qu’on sent dans les lieux noirs sembla
Plus fauve, et le visage irrité des décombres,
Le blanchissement vague et difforme des ombres,
Se hérissaient, montrant des aspects foudroyés ;
Tous les renversements en arrière, effrayés,
Se dressaient ; les granits remuaient sous la nue ;
L’obscurité lugubre apparut toute nue ;
On eût dit qu’elle ôtait l’ombre qui la revêt,
Que le masque inouï de l’enfer se levait,
Et qu’on voyait la face effroyable du vide.

L’ange continuait de descendre, splendide,
Dans cet effarement immense de la nuit.