Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/58

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Car il ne sera pas le père au front joyeux ;
Car il ne verra point une femme aux doux yeux
Emplir, assise au seuil de la maison morose,
La bouche d’un enfant du bout de son sein rose !
Je suis du paradis le témoin torturé.
O vivants, je me venge, et le maître exécré,
C’est moi qui l’ai lâché sur la terre où nous sommes ;
J’ai vu Nemrod errant dans la forêt des hommes ;
J’ai fait un tigre avec ce lion qui passait.
Je jette ma pensée, invisible lacet,
Et je sens tressaillir dans ce filet le monde.
L’arbre est vert ; j’applaudis la hache qui l’émonde ;
Des hommes dévorés j’écoute les abois ;
Chasse, ô Nemrod ! — C’est moi qui au glaive : bois !
Et j’attise à genoux la guerre, moi l’envie.
Les autres êtres sont les vases de la vie,
Moi je suis l’urne horrible et vide du néant.
Je verse l’ombre. Nain, j’habite le géant ;
Toutes ses actions composent ma victoire ;
Il est le bras farouche et je suis l’âme noire.
La guerre est. Désormais, dans mille ans, ou demain,
Toute guerre sera parmi le genre humain
Une flèche de l’arc de Nemrod échappée.
O Nemrod, premier roi du règne de l’épée,
Va ! c’est fait. L’âme humaine est allumée, et rien
Ne l’éteindra. L’indou, l’osque, l’assyrien,