Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/61

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Mange les dieux et mange aussi les rois ; travaille ;
Mange le laboureur, le soc, l’épi, la paille,
Le champ ; mange l’abeille et mange l’alcyon ;
Sois le ver monstrueux du fruit création.
Dieu ! Pourquoi créas-tu la mort ? l’homme invente ;
L’eunuque bat des mains, ébloui d’épouvante.
Tuez, tuez ! — Au nord, au couchant, au midi,
Partout, cercle effroyable et sans cesse agrandi,
La bataille repaît mes yeux visionnaires.
Oh ! le sombre avenir roule plein de tonnerres !
Oh ! dans l’air à jamais je vois la mort sifflant !
Oh ! je vois à jamais saigner la guerre au flanc
De l’humanité triste, affreuse et criminelle ;
Et le mutilé rit à la plaie éternelle !
Les races sécheront comme un torrent d’été ;
La vierge sera veuve avant d’avoir été ;
La mère pleurera d’avoir été féconde,
O joie ! — En ce moment Nemrod est seul au monde ;
La terre est encor faible et n’en peut porter qu’un ;
Mais le ciel germera sous le ciel importun,
Mais vous pullulerez, ô glaive, ô cimeterre ;
Quel spectacle quand tout se mordra sur la terre,