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LE JOUR DES ROIS.

Des trois pertuis profonds qui vont d’Espagne en France ;
Voulant piller, il a donné la préférence
À Vich, qui fait commerce avec Tarbe et Cahors ;
Pancho, fauve au dedans, est difforme au dehors ;
Il est camard, son nez étant sans cartilages,
Et si méchant, qu’on dit que les gens des villages
Ramassent du poil d’ours où cet homme a passé.
Il a brisé la porte, enjambé le fossé,
Est entré dans l’église, et sous les sombres porches
S’est dressé, rouge spectre, ayant aux poings deux torches ;
Et maintenant, maisons, tours, palais spacieux,
Toute la ville monte en lueur dans les cieux.

Flamboiement au midi. C’est Girone qui brûle.
Le roi Blas a jadis eu d’Inez la matrulle,
Deux bâtards, ce qui fait qu’à cette heure l’on a
Gil, roi de Luz, avec Jean, duc de Cardona ;
L’un règne à Roncevaux et l’autre au col d’Andorre.
Quiconque voit des dieux dans les loups, les adore.
Ils ont, la veille au soir, quitté leurs deux donjons,
Ensemble, avec leur bande, en disant : « Partageons ! »
N’étant pas trop de deux pour ce qu’ils ont à faire.
En route, le plus jeune a crié : « Bah ! mon frère,
Rions ; et renonçons à la chose, veux-tu ?
Revenons sur nos pas ; je ne suis point têtu,
Si tu veux t’en ôter, c’est dit, je me retire.
— Ma règle, a dit l’aîné, c’est de ne jamais rire