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LA LÉGENDE DES SIÈCLES.



IV



Qu’est-ce que ce torrent de rois ? Pourquoi ce choix,
Quatre villes ? Pourquoi toutes quatre à la fois ?
Sont-ce des châtiments, ou n’est-ce qu’un carnage ?
Pas de choix. Le hasard, ou bien le voisinage,
Voilà tout ; le butin pour but et pour raison ;
Quant aux quatre cités brûlant à l’horizon,
Regardez : vous verrez bien d’autres rougeurs sombres.
Toute la perspective est un tas de décombres.
La montagne a jeté sur la plaine ses rois,
Rien de plus. Quant au fait, le voici : Navarrois,
Basques, Aragonais, Catalans, ont des terres ;
Pourquoi ? Pour enrichir les princes. Monastères
Et seigneurs sont le but du paysan. Le droit
Est l’envers du pouvoir dont la force est l’endroit ;
Depuis que le puissant sur le faible se rue,
Entre l’homme d’épée et l’homme de charrue,
Il existe une loi dont l’article premier
C’est que l’un est le maître et l’autre le fermier ;
Les enfants sont manants, les femmes sont servantes.
À quoi bon discuter ? Sans cessions ni ventes,
La maison appartient au fort, source des lois,
Et le bourg est à qui peut pendre le bourgeois ;