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ÉVIRADNUS.

Pour qu’en hâte on lui donne à boire, et qu’on le ferre.
Il dit au forgeron : « Faites vite. Une affaire
M’appelle. » Il monte en selle et part.


II

Éviradnus



M’appelle. » Il monte en selle et part. Éviradnus,
Vieux, commence à sentir le poids des ans chenus ;
Mais c’est toujours celui qu’entre tous on renomme,
Le preux que nul n’a vu de son sang économe ;
Chasseur du crime, il est nuit et jour à l’affût ;
De sa vie il n’a fait d’action qui ne fût
Sainte, blanche et loyale, et la grande pucelle,
L’épée, en sa main pure et sans tache, étincelle.
C’est le Samson chrétien qui, survenant à point,
N’ayant pour enfoncer la porte que son poing,
Entra, pour la sauver, dans Sickingen en flamme ;
Qui, s’indignant de voir honorer un infâme,
Fit, sous son dur talon, un tas d’arceaux rompus
Du monument bâti pour l’affreux duc Lupus,
Arracha la statue, et porta la colonne
Du munster de Strasbourg au pont de Wasselonne,