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LA LÉGENDE DES SIÈCLES.

Le roi s’affaise, et, blême et l’œil hors de l’orbite,
Sans un cri, tant la mort formidable est subite,
Il expire.

Il expire. L’un meurt, mais l’autre s’est dressé.
Le preux, en délaçant sa cuirasse, a posé
Sur un banc son épée, et Sigismond l’a prise.

Le jeune homme effrayant rit de la barbe grise ;
L’épée au poing, joyeux, assassin rayonnant,
Croisant les bras, il crie : « À mon tour maintenant ! »
Et les noirs chevaliers, juges de cette lice,
Peuvent voir, à deux pas du fatal précipice,
Près de Mahaud, qui semble un corps inanimé,
Éviradnus sans arme et Sigismond armé.
Le gouffre attend. Il faut que l’un des deux y tombe.

« Voyons un peu sur qui va se fermer la tombe,
Dit Sigismond. C’est toi le mort ! c’est toi le chien ! »

Le moment est funèbre ; Éviradnus sent bien
Qu’avant qu’il ait choisi dans quelque armure un glaive,
Il aura dans les reins la pointe qui se lève ;
Que faire ? Tout à coup sur Ladislas gisant
Son œil tombe ; il sourit terrible, et, se baissant