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ZIM-ZIZIMI.

Les grands cheiks du désert sont tous de sa famille,
Le roi d’Oude est son frère, et l’épée est sa fille.

Il a dompté Bagdad, Trébizonde, et Mossul,
Que conquit le premier Duilius, ce consul
Qui marchait précédé de flûtes tibicines ;
Il a soumis Gophna, les forêts abyssines,
L’Arabie, où l’aurore a d’immenses rougeurs,
Et l’Hedjaz, où, le soir, les tremblants voyageurs,
De la nuit autour d’eux sentant rôder les bêtes,
Allument de grands feux, tiennent leurs armes prêtes,
Et se brûlent un doigt pour ne pas s’endormir ;
Mascate et son imam, la Mecque et son émir,
Le Liban, le Caucase et l’Atlas font partie
De l’ombre de son trône, ainsi que la Scythie,
Et l’eau de Nagaïn et le sable d’Ophir,
Et le Sahara fauve, où l’oiseau vert asfir,
Vient becqueter la mouche aux pieds des dromadaires ;
Pareils à des vautours forcés de changer d’aires,
Devant lui, vingt sultans, reculant hérissés,
Se sont dans la fournaise africaine enfoncés ;
Quand il étend son sceptre, il touche aux âpres zones
Où luit la nudité des fières amazones ;
En Grèce, il fait lutter chrétiens contre chrétiens,
Les chiens contre les porcs, les porcs contre les chiens ;
Tout le craint ; et sa tête est de loin saluée
Par le lama debout dans la sainte nuée,