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LA LÉGENDE DES SIÈCLES.

Avait été chercher son parfum le plus rare.
Or, Jésus aimait Marthe et Marie et Lazare.
Quelqu’un lui dit : « Lazare est mort. »

Quelqu’un lui dit : « Lazare est mortLe lendemain,
Comme le peuple était venu sur son chemin,
Il expliquait la loi, les livres, les symboles,
Et, comme Élie et Job, parlait par paraboles.
Il disait : « Qui me suit, aux anges est pareil.
Quand un homme a marché tout le jour au soleil
Dans un chemin sans puits et sans hôtellerie,
S’il ne croit pas, quand vient le soir, il pleure, il crie,
Il est las : sur la terre il tombe haletant ;
S’il croit en moi, qu’il prie, il peut au même instant
Continuer sa route avec des forces triples. »
Puis il s’interrompit, et dit à ses disciples :
« Lazare, notre ami, dort ; je vais l’éveiller. »
Eux dirent : « Nous irons, maître, où tu veux aller. »
Or, de Jérusalem, où Salomon mit l’arche,
Pour gagner Béthanie, il faut trois jours de marche.
Jésus partit. Durant cette route souvent,
Tandis qu’il marchait seul et pensif en avant,
Son vêtement parut blanc comme la lumière.

Quand Jésus arriva, Marthe vint la première,
Et, tombant à ses pieds, s’écria tout d’abord :
« Si nous t’avions eu, maître, il ne serait pas mort. »