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VIII


La toilette d’Isora.


Cris, chansons ; et voilà ces vieilles tours vivantes.
La chambre d’Isora se remplit de servantes ;
Pour faire un digne accueil au roi d’Arle, on revêt
L’enfant de ses habits de fête ; à son chevet,
L’aïeul, dans un fauteuil d’orme incrusté d’érable,
S’assied, songeant aux jours passés, et, vénérable,
Il contemple Isora : front joyeux, cheveux d’or,
Comme les chérubins peints dans le corridor,
Regard d’enfant Jésus que porte la madone,
Joue ignorante où dort le seul baiser qui donne
Aux lèvres la fraîcheur, tous les autres étant
Des flammes, même, hélas ! quand le cœur est content.
Isore est sur le lit assise, jambes nues ;
Son œil bleu rêve avec des lueurs ingénues ;