Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Que les serpents montaient le long de son bras blanc, Que la mêlée entrait dans l'Olympe en hurlant, Elle chantait, terrible et tranquille, et sa bouche Fauve, bavait du sang dans le clairon farouche ! Et les casques, les tours, les tentes, les blessés, Les noirs fourmillements de morts dans les fossés, Les tourbillons de chars et de drapeaux, les piques Et les glaives, volaient dans ses souffles épiques ! La muse est aujourd'hui la Paix, ayant les reins Sans cuirasse et le front sous les épis sereins ; Le poëte à la mort dit : Meurs, guerre, ombre, envie ! — Et chasse doucement les hommes vers la vie ; Et l'on voit de ses vers, goutte à goutte, des pleurs Tomber sur les enfants, les femmes et les fleurs, Et des astres jaillir de ses strophes volantes ; Et son chant fait pousser des bourgeons verts aux plantes ; Et ses rêves sont faits d'aurore, et, dans l'amour, Sa bouche chante et rit, toute pleine de jour.

                               *

En vain, montrant le poing dans tes mornes bravades, Tu menaces encor, noir passé ; tu t'évades !