Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/159

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Nul ne sait, dans la vie immense enchevêtrée, Si l'antre où rêve Pan, l'herbe où se couche Astrée, Si la roche au profil pensif, si le zéphyr, Si toute une forêt acharnée à trahir, À force d'horreur, d'ombre, et d'aube, et de jeunesse, Ne peut transfigurer en femme une faunesse ; Dans tout ils croyaient voir quelque spectre caché Poindre, et Démogorgon s'ajoutait à Psyché. Ces sages d'autrefois se tenaient sur leurs gardes. La possibilité des méduses hagardes Surgissant tout à coup les rendait attentifs ; De la sombre nature ils se sentaient captifs ; Perse reconnaissait dans Églé, la bouffonne Qui se barbouille avec des mûres, Tisiphone ; Et plusieurs s'attendaient à voir subitement Transparaître Erynnis sous le masque charmant De la naïve Aglaure ou d'Iphis la rieuse ; Tant la terre pour eux était mystérieuse.