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XIX CHAULIEU


Ayez de la faiblesse, ô femmes ; c'est charmant
D'être faibles, et l'ombre est dans le firmament
Pour prouver le besoin que parfois ont de voiles
Même la blanche aurore et même les étoiles.
Les fleurs ne savent pas ce que va faire avril,
Elles ont peur ; de quoi ? D'un charme, ou d'un péril ?
D'un péril et d'un charme. Eh bien, toi qui te mêles
Aux fleurs, et qui les vois trembler, tremble comme elles,
Mais pas plus. Oui, tremblez, belles ; mais, croyez-moi,
Sur la frayeur des fleurs copiez votre émoi.
Voyez comme elles sont promptement rassurées.
Les roses sont autant de molles Cythérées,
Point méchantes ; l'épine est la sœur du parfum.
Le ciel n'est point pour l'homme un témoin importun.
Aimons. On y consent au fond des empyrées.
Après avoir aimé les âmes sont sacrées.
L'heure où nous brillons touche à l'heure où nous tombons,
Brillez, tombez. Jadis les sages étaient bons ;