Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/180

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Quel don du ciel ! Qui sait les conseils de sagesse, Les éclairs de bonté, qui sait la foi, l'amour, Que versent, à travers leur tremblant demi-jour, Dans la querelle amère et sinistre où nous sommes, Les âmes des enfants sur les âmes des hommes ? Le voit-on jusqu'au fond ce langage, où l'on sent Passer tout ce qui fait tressaillir l'innocent ? Non. Les hommes émus écoutent ces mêlées De syllabes dans l'aube adorable envolées, Idiome où le ciel laisse un reste d'accent, Mais ne comprennent pas, et s'en vont en disant : — Ce n'est rien ; c'est un souffle, une haleine, un murmure ; Le mot n'est pas complet quand l'âme n'est pas mûre. — Qu'en savez-vous ? Ce cri, ce chant qui sort d'un nid, C'est l'homme qui commence et l'ange qui finit. Vénérez-le. Le bruit mélodieux, la gamme Dénouée et flottante où l'enfance amalgame Le parfum de sa lèvre et l'azur de ses yeux, Ressemble, ô vent du ciel, aux mots mystérieux Que, pour exprimer l'ombre ou le jour, tu proposes À la grande âme obscure éparse dans les choses. L'être qui vient d'éclore en ce monde où tout ment, Dit comme il peut son triste et doux étonnement. Pour l'animal perdu dans l'énigme profonde, Tout vient de l'homme. L'homme ébauche dans ce monde Une explication du mystère, et par lui Au fond du noir problème un peu de jour a lui. Oui, le gazouillement, musique molle et vague,