Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/186

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u tant de fumée, De l'homme tant de vanité !

Tu regardes les cieux de travers, triste race ! Tu ne te trouves pas sous l'azur à ta place. Tu te plains, homme, ombre, roseau ! Balbutiant : Peut-être, et bégayant : Que sais-je ? Tu reproches le soir à l'aube, au lys la neige, Et ton sépulcre à ton berceau ! Tu reproches à Dieu l'œuvre incommensurable. Tu frémis de traîner sur ton dos misérable Tes vieux forfaits mal expiés, D'être pris dans ton ciel comme en un marécage, Et de sentir, ainsi qu'un écureuil en cage, Tourner ta prison sous tes pieds !

Homme, si tu pouvais, tu tenterais l'espace. Ce globe, si ta force égalait ton audace, S'évaderait sous ton orteil, Et la création irait à l'aventure Si ton souffle pouvait, ô folle créature, Casser l'amarre du soleil !