Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/206

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L'Océan calme, c'est le plat de son épée. La montagne à sa voix s'enfuirait dissipée Comme de l'eau dans le gazon ; Dans les éternités sans fin continuées Ce Père habite ; il fait des arches de nuées Aux quatre coins de l'horizon.

Il pense, il règle, il mène, il pèse, il juge, il aime ; Et laisse les festins rire à Lucullus blême Qui paît, hideux, chauve et jauni, Et se gonfle de vin comme une poche pleine ; Ce qu'une outre peut dire au ventre de Silène N'importe pas à l'infini.

Ce même Dieu qui fit d'avril une corbeille, Qui fait l'oiseau chanteur pour les bois, et l'abeille Pour l'herbe où l'aube étincela, Donne au Pôle effrayant, sans jour, sans fleur, sans arbre, Pour qu'il puisse parfois chauffer ses mains de marbre, Ta cheminée, ô sombre Hékla !