Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/218

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L'œuvre du genre humain, c'est de délivrer l'âme ; C'est de la dégager du triste épithalame Que lui chante le corps impur ; C'est de la rendre, chaste, à la clarté première ; Car Dieu rêveur a fait l'âme pour la lumière Comme il fit l'aile pour l'azur.

Nous ne sommes plus ceux qui riaient à la face De l'ombre impénétrable où tout rentre et s'efface, Qui faisaient le mal sans frayeur, Qui jetaient au cercueil ce cri : Va-t'en ! je nie ! Et mettaient le néant, le rire et l'ironie Dans la pelle du fossoyeur.

Nous croyons en ce Dieu vivant ; sa foi nous brûle ; Il inspire Brutus sur la chaise curule, Guillaume Tell sous le sayon ; Nous allumons, courbés sous son vent qui nous pousse, Notre liberté fière à sa majesté douce Et notre foudre à son rayon.