Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/224

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Dieu met, quand il lui plaît, sur l'orage et la haine, Sur la foudre, forçat dont on entend la chaîne, La sainte serrure des cieux, Et, laissant écumer leurs voix exténuées, Ferme avec l'arc-en-ciel courbé dans les nuées Ce cadenas mystérieux.

Au fond du gouffre où sont ceux qui se font proscrire, Des plus profonds enfers, stupéfaits de sourire, L'amour ira baiser les gonds, Comme un rayon de l'aube, à l'orient ouverte, Va dans la profondeur de l'eau sinistre et verte Jusqu'aux écailles des dragons.

Les globes se noueront par des nœuds invisibles ; Ils s'enverront l'amour comme la flèche aux cibles ; Tout sera vie, hymne et réveil ; Et comme des oiseaux vont d'une branche à l'autre, Le Verbe immense ira, mystérieux apôtre, D'un soleil à l'autre soleil.