Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/231

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L’herbe est pour lui plus molle et la grotte plus douce ;
Pan fait plus de silence en marchant sur la mousse ;
35La nature, voyant son grand enfant distrait,
Veille sur lui ; s’il est un piége en la forêt,
La ronce au coin du bois le tire par la manche
Et dit : Ne va pas là ! Sous ses pieds la pervenche
Tressaille ; dans le nid, dans le buisson mouvant,
40Dans la feuille, une voix, vague et mêlée au vent,
Murmure : — C’est Shakspeare et Macbeth ! — C’est Molière
Et don Juan ! — C’est Dante et Béatrix ! — Le lierre
S’écarte, et les halliers, pareils à des griffons,
Retirent leur épine, et les chênes profonds,
45Muets, laissent passer sous l’ombre de leurs dômes
Ces grands esprits parlant avec ces grands fantômes.