Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/295

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Deux verrous ont fermé sa porte pour jamais,
L'un qu'on nomme Strasbourg, l'autre qu'on nomme Metz.
Ah ! cet infâme a mis le pied sur la patrie.

Quand une âme ici-bas est à ce point flétrie,
Lorsqu'on l'a vue au fond des forfaits se vautrer,
L'honneur libre et vivant n'y peut pas plus rentrer
Que l'abeille ne vient sur une rose morte.
Ah ! le Spielberg est noir, la Bastille était forte,
Le Saint-Michel rempli de cages était haut,
Le vieux château Saint-Ange est un puissant cachot ;
Mais aucun mur n'égale en épaisseur la honte.
Dieu tient ce prisonnier et lui demande compte.
Comment a-t-il changé notre armée en troupeau ?
Qu'a-t-il fait des canons, des soldats, du drapeau,
Du clairon réveillant les camps, de l'espérance,
De nous tous, et combien a-t-il vendu la France ?
Oh ! quelle ombre de tels coupables ont sur eux !
Cave et forêt ! rameaux croisés ! murs douloureux !
Stigmate ! abaissement ! chute ! dédains horribles !
Comment fuir de dessous ces branchages terribles ?
Ô chiens, qu'avez-vous donc dans les dents ? C'est son nom.
Il habite la faute, éternel cabanon,
Labyrinthe aux replis monstrueux et funèbres