Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/343

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Un soir on le chercha partout dans la maison ;
On ne le trouva point ; c'était l'hiver, saison
Qui nous hait, où la nuit est traître comme un piége ;
Dehors des petits pas s'effaçaient dans la neige...

On retrouva l'enfant le lendemain matin.
On se souvint de cris perdus dans le lointain ;
Quelqu'un même avait ri, croyant, dans les nuées,
Entendre, à travers l'ombre où flottent des huées,
On ne sait quelle voix du vent crier : Papa !
Papa ! Tout le village, ému, s'en occupa,
Et l'on chercha ; l'enfant était au cimetière.
Calme comme la nuit, blême comme la pierre,
Il était étendu devant l'entrée, et froid ;
Comment avait-il pu jusqu'à ce triste endroit
Venir, seul dans la plaine où pas un feu ne brille ?
Une de ses deux mains tenait encor la grille ;
On voyait qu'il avait essayé de l'ouvrir.
Il sentait là quelqu'un pouvant le secourir ;
Il avait appelé dans l'ombre solitaire,
Longtemps ; puis il était tombé mort sur la terre,
À quelques pas du vieux grand-père, son ami.
N'ayant pu l'éveiller, il s'était endormi.