Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/358

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J'éveille du chaos le rut démesuré ; Voici l'épouse en feu qui vient ! l'astre effaré, Regarde à son zénith, à travers la nuée, L'impudeur de ma robe immense dénouée ; De mes accouplements l'espace est ébloui ; Dès qu'un gouffre me veut, j'accours et je dis : Oui ! Je passe d'Allioth à Sirius ; ma bouche Se colle au triple front d'Aldebaran farouche ; Et je me prostitue à l'infini, sachant Que je suis la semence et que l'ombre est le champ ; De là des mondes ; Dieu m'approuve quand j'ébauche Une création que tu nommes débauche. Celle qui lie entr'eux les univers, c'est moi ; Sans moi, l'isolement hideux serait la loi ; Étoiles, on verrait de monstrueux désastres ; L'infini subirait l'égoïsme des astres ; Partout la nuit, la mort et le deuil, augmentés Par la farouche horreur de vos virginités. J'empêche l'effrayant célibat de l'abîme. Je suis du pouls divin le battement sublime ; Mon trajet, à la fois idéal et réel, Marque l'artère énorme et profonde du ciel ; Vous êtes la lumière et moi je suis la flamme ; Dieu me fit de son cœur et vous fit de son âme ; Ô mes sœurs, nous versons toutes de la clarté,

Étant, vous l'harmonie, et moi la liberté.