Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/368

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Avec des blocs mis l'un sur l'autre simplement, Et ce temple, construit de roche sans ciment, Sera presque aussi haut que toute la montagne. Les forêts qu'un murmure éternel accompagne, L'Océan qui bondit ainsi que les troupeaux Et n'a point de fatigue et n'a point de repos, Les monts sans tache, blancs comme les cœurs sans vice, C'est tout ce que verront du seuil de l'édifice Les hommes qui viendront par cent chemins divers ; Car vous aurez compris qu'il faut que l'univers Ait autour de ce temple une grave attitude. Et vous l'aurez bâti dans une solitude, Afin qu'il soit tranquille, et pour que l'horizon Convienne à cette auguste et farouche maison. Et les hommes, pasteurs, apôtres, patriarches, Regarderont le temple, et monteront les marches, Et sous la haute porte ils baisseront le front. Quand ils seront entrés, voici ce qu'ils verront :

Au-dessous d'une voûte en granit, située Si haut qu'il semblera qu'elle est dans la nuée, Entre quatre grands murs nus et prodigieux, Dans une ombre où partout on sentira des yeux, Tout au fond d'une crypte obscure, une statue Se dressera, d'un voile insondable vêtue, Et de la tête aux pieds ce voile descendra ; Et, plus que sur Isis, et plus que sur Indra,