Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/370

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Que là s'évanouit tout dogme et toute bible, Et que rien n'est méchant, quoique tout soit terrible.

Oui, terrible, mais bon ; formidable, mais doux. Dans ce temple, payens, chrétiens, parsis, indous, Tous ceux, fakir, santon, rabbin, flamine, bonze, Qu'une religion tient dans sa main de bronze, Sentiront cette main s'ouvrir et les lâcher.

Le ciel ; de l'idéal pétri dans du rocher, On ne sait quoi de tendre au fond de cette pierre, Une forme de nuit debout sur la frontière De l'inconnu, muette et rigide, et pourtant D'accord avec le monde immense palpitant, L'âme qui fait tout naître et sur qui tout se fonde, Voilà ce que ce temple, en son ombre profonde, Fera vaguement voir à ceux qui passeront. Les autres temples, faits de ce qui se corrompt, Bâtis avec l'erreur, la démence et la fable, Faux et vains, et faisant bégayer l'ineffable, Autels que la raison en montant submergea, Se seront écroulés depuis longtemps déjà Au vaste ébranlement du genre humain en marche ; Mais celui-ci, n'ayant point de koran, point d'arche, Point de prêtres, aucun pontife, aucun menteur, Entouré de l'abîme et seul sur la hauteur,