Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/372

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Et les méchants seront mal à l'aise ; et les justes, Et les bons, et tous ceux dont les cœurs sont augustes, Les sages, les penseurs, sentiront le plein jour Sur leur âme, leur foi, leur espoir, leur amour, Comme sous le regard d'une énorme prunelle.

Derrière la statue, une lampe éternelle Brûlera, comme un feu dans l'antre aux visions, Et, cachant le foyer, montrera les rayons De façon à lui mettre une aurore autour d'elle, Pour enseigner au peuple ému, grave et fidèle, Que cette énigme est bien une divinité, Et que si c'est la nuit c'est aussi la clarté. Le colosse sera noir sur cette auréole ; Et nul souffle, nul vent d'orage, nul éole Ne fera vaciller l'immobile lueur. Les sages essuieront à leur front la sueur Et sentiront l'horreur sacrée en leurs vertèbres, Devant cette splendeur sortant de ces ténèbres, Et comprendront que l'Être ignoré, mais certain, Brille, étant le lever de l'éternel matin, Et pourtant reste obscur, car aucune envergure, Aucun esprit ne peut saisir cette figure ; Il est sans fin, sans fond, sans repos, sans sommeil.

Et pour être Mystère il n'est pas moins Soleil.