Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/378

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C'est pourquoi l'homme, en proie à tant de noirs tumultes, Rêve, et tâte l'espace, et veut un point d'appui, Ayant peur de la nuit tragique autour de lui ; C'est pourquoi le messie est chassé par l'apôtre ; C'est pourquoi l'on a vu crouler, l'un après l'autre, Ayant tous fait fléchir aux peuples le genou, Brahma, Dagon, Baal, Odin, Allah, Vishnou. L'idolâtrie échoue. Elle est, sur tout abîme, Et dans tous les bas-fonds, le même essai sublime Et la même chimère inutile, créant Toujours le même Dieu pour le même néant.

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Il est pourtant, ce Dieu. Mais sous son triple voile La lunette avançant fait reculer l'étoile. C'est une sainte loi que ce recul profond. Les hommes en travail sont grands des pas qu'ils font ; Leur destination, c'est d'aller, portant l'arche ; Ce n'est pas de toucher le but, c'est d'être en marche ; Et cette marche, avec l'infini pour flambeau,