Globe vivant, je suis vêtu des flots profonds,
Des forêts et des monts ainsi que d’une armure.
SATURNE
Qu’est-ce que cette voix chétive qui murmure ?
Terre, à quoi bon tourner dans ton champ si borné,
Grain de sable, d’un grain de cendre accompagné ?
Moi dans l’immense azur je trace un cercle énorme ;
L’espace avec terreur voit ma beauté difforme ;
Mon anneau, qui des nuits empourpre la pâleur,
Comme les boules d’or que croise le jongleur,
Lance, mêle et retient sept lunes colossales.
LE SOLEIL
Silence au fond des cieux, planètes, mes vassales !
Paix ! Je suis le pasteur, vous êtes le bétail.
Comme deux chars de front passent sous un portail,
Dans mon moindre volcan Saturne avec la Terre
Entreraient sans toucher aux parois du cratère.
Chaos ! je suis la loi. Fange ! je suis le feu.
Contemplez-moi ! Je suis la vie et le milieu,
Le Soleil, l’éternel orage de lumière.
Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/389
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