Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/390

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SIRIUS

J’entends parler l’atome. Allons, Soleil, poussière,
Tais-toi ! Tais-toi, fantôme, espèce de clarté !
Pâtres dont le troupeau fuit dans l’immensité,
105Globes obscurs, je suis moins hautain que vous n’êtes.
Te voilà-t-il pas fier, ô gardeur de planètes,
Pour sept ou huit moutons que tu pais dans l’azur !
Moi, j’emporte en mon orbe auguste, vaste et pur,
Mille sphères de feu dont la moindre a cent lunes.
110Le sais-tu seulement, larve qui m’importunes ?
Que me sert de briller auprès de ce néant ?
L’astre nain ne voit pas même l’astre géant.


ALDÉBARAN

Sirius dort ; je vis ! C’est à peine s’il bouge.
J’ai trois soleils, l’un blanc, l’autre vert, l’autre rouge ;
115Centre d’un tourbillon de mondes effrénés,
Ils tournent, d’une chaîne invisible enchaînés,
Si vite, qu’on croit voir passer une flamme ivre,
Et que la foudre a dit : Je renonce à les suivre !