Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/81

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N'importe, loin des forts dont l'aspect seul oppresse,
Quand on peut s'enfoncer entre deux pans de rocs,
Et, comme l'ours, l'isard et les puissants aurochs,
Entrer dans l'âpreté des hautes solitudes,
Le monde primitif reprend ses attitudes,
Et, l'homme étant absent, dans l'arbre et le rocher
On croit voir les profils d'infini s'ébaucher.
Tout est sauvage, inculte, âpre, rauque ; on retrouve
La montagne, meilleure avec son air de louve
Qu'avec l'air scélérat et pensif qu'elle prend
Quand elle prête au mal son gouffre et son torrent,
S'associe aux fureurs que la guerre combine,
Et devient des forfaits de l'homme concubine.