Page:Hugo - Les Châtiments (Hetzel, 1880).djvu/74

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L’enfer attend l’orgueil du tribun triomphant ;
L’homme parvient à l’ange en passant par la buse
Notre gouvernement fait de force et de ruse
Bâillonnera le père, abrutira l’enfant.

» Notre parole, hostile au siècle qui s’écoule,
Tombera de la chaire en flocons sur la foule ;
Elle refroidira les cœurs irrésolus,
Y glacera tout germe utile ou salutaire,
Et puis elle y fondra comme la neige à terre,
Et qui la cherchera ne la trouvera plus.

Seulement un froid sombre aura saisi les âmes ;
Seulement nous aurons tué toutes les flammes ;
Et si quelqu’un leur crie, à ces français d’alors :
Sauvez la liberté pour qui luttaient vos pères !
Ils riront, ces français sortis de nos repaires,
De la liberté morte et de leurs pères morts.

« Prêtres, nous écrirons sur un drapeau qui brille :
— Ordre, Religion, Propriété, Famille ; —
Et si quelque bandit, corse, juif ou païen,
Vient nous aider avec le parjure à la bouche,
Le sabre aux dents, la torche au poing, sanglant, farouche,
Volant et massacrant, nous lui dirons : c’est bien !

« Vainqueurs, fortifiés aux lieux inabordables,
Nous vivrons arrogants, vénérés, formidables.
Que nous importe au fond Christ, Mahomet, Mithra !
Régner est notre but, notre moyen proscrire.