Page:Hugo - Les Misérables Tome IV (1890).djvu/341

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
335
LES ENCHANTEMENTS.

Éponine se mit à rire et lui sauta au cou.

— Je suis là, mon petit père, parce que je suis là. Est-ce qu’il n’est pas permis de s’asseoir sur les pierres, à présent ? C’est vous qui ne devriez pas y être. Qu’est-ce que vous venez y faire, puisque c’est un biscuit ? Je l’avais dit à Magnon. Il n’y a rien à faire ici. Mais embrassez-moi donc, mon bon petit père ! Comme il y a longtemps que je ne vous ai vu ! Vous êtes dehors, donc ?

Le Thénardier essaya de se débarrasser des bras d’Éponine et grommela :

— C’est bon. Tu m’as embrassé. Oui, je suis dehors. Je ne suis pas dedans. À présent, va-t’en.

Mais Éponine ne lâchait pas prise et redoublait ses caresses.

— Mon petit père, comment avez-vous donc fait ? Il faut que vous ayez bien de l’esprit pour vous être tiré de là. Contez-moi ça ! Et ma mère ? où est ma mère ? Donnez-moi donc des nouvelles de maman.

Thénardier répondit :

— Elle va bien, je ne sais pas, laisse-moi, je te dis va-t’en.

— Je ne veux pas m’en aller justement, fit Éponine avec une minauderie d’enfant gâté, vous me renvoyez que voilà quatre mois que je ne vous ai vu et que j’ai à peine eu le temps de vous embrasser.

Et elle reprit son père par le cou.

— Ah çà mais, c’est bête ! dit Babet.

— Dépêchons ! dit Gueulemer, les coqueurs peuvent passer.