Page:Hugo - Les Misérables Tome IV (1890).djvu/474

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
464
LES MISÉRABLES. — L’ÉPOPÉE RUE St-DENIS.

Il était environ neuf heures du matin quand ils poussèrent la porte de Corinthe.

Ils montèrent au premier.

Matelote et Gibelotte les reçurent.

— Huîtres, fromage et jambon, dit Laigle.

Et ils s’attablèrent.

Le cabaret était vide ; il n’y avait qu’eux deux.

Gibelotte, reconnaissant Joly et Laigle, mit une bouteille de vin sur la table.

Comme ils étaient aux premières huîtres, une tête apparut à l’écoutille de l’escalier, et une voix dit :

— Je passais. J’ai senti, de la rue, une délicieuse odeur de fromage de Brie. J’entre.

C’était Grantaire.

Grantaire prit un tabouret et s’attabla.

Gibelotte, voyant Grantaire, mit deux bouteilles de vin sur la table.

Cela fit trois.

— Est-ce que tu vas boire ces deux bouteilles ? demanda Laigle à Grantaire.

Grantaire répondit :

— Tous sont ingénieux, toi seul es ingénu. Deux bouteilles n’ont jamais étonné un homme.

Les autres avaient commencé par manger, Grantaire commença par boire. Une demi-bouteille fut vivement engloutie.

— Tu as donc un trou à l’estomac ? reprit Laigle.

— Tu en as bien un au coude, dit Grantaire.

Et, après avoir vidé son verre, il ajouta :