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JAVERT DÉRAILLÉ.

Javert prit la plume et une feuille de papier et se mit à écrire. Voici ce qu’il écrivit :

QUELQUES OBSERVATIONS POUR LE BIEN DU SERVICE

« Premièrement : je prie monsieur le préfet de jeter les yeux.

« Deuxièmement : les détenus arrivant de l’instruction ôtent leurs souliers et restent pieds nus sur la dalle pendant qu’on les fouille. Plusieurs toussent en rentrant à la prison. Cela entraîne des dépenses d’infirmerie.

« Troisièmement : la filature est bonne, avec relais des agents de distance en distance, mais il faudrait que, dans les occasions importantes, deux agents au moins ne se perdissent pas de vue, attendu que, si, pour une cause quelconque, un agent vient à faiblir dans le service, l’autre le surveille et le supplée.

« Quatrièmement : on ne s’explique pas pourquoi le règlement spécial de la prison des Madelonnettes interdit au prisonnier d’avoir une chaise, même en la payant.

« Cinquièmement : aux Madelonnettes, il n’y a que deux barreaux à la cantine, ce qui permet à la cantinière de laisser toucher sa main aux détenus.

« Sixièmement : les détenus, dits aboyeurs, qui appellent les autres détenus au parloir, se font payer deux sous par le prisonnier pour crier son nom distinctement. C’est un vol.

« Septièmement : pour un fil courant, on retient dix sous