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iii

besos para golpes



L orsque Pierre Gringoire arriva sur la place de Grève, il était transi. Il avait pris par le pont aux Meuniers pour éviter la cohue du Pont-au-Change et les drapelets de Jehan Fourbeault ; mais les roues de tous les moulins de l’évêque l’avaient éclaboussé au passage, et sa souquenille était trempée ; il lui semblait en outre que la chute de sa pièce le rendait plus frileux encore. Aussi se hâta-t-il de s’approcher du feu de joie qui brûlait magnifiquement au milieu de la place. Mais une foule considérable faisait cercle à l’entour.

— Damnés Parisiens ! se dit-il à lui-même (car Gringoire, en vrai poète dramatique, était sujet aux monologues), les voilà qui m’obstruent le feu ! Pourtant j’ai bon besoin d’un coin de cheminée ; mes souliers boivent, et tous ces maudits moulins qui ont pleuré sur moi ! Diable d’évêque de Paris avec ses moulins ! Je voudrais bien savoir ce qu’un évêque peut faire d’un moulin ! est-ce qu’il s’attend à devenir d’évêque meunier ? S’il ne lui faut que ma malédiction pour cela, je la lui donne, et à sa cathédrale, et à ses moulins ! Voyez un peu s’ils se dérangeront, ces badauds ! Je vous demande ce qu’ils font là ! Ils se chauffent ; beau plaisir ! Ils regardent brûler un cent de bourrées ; beau spectacle !

En examinant de plus près, il s’aperçut que le cercle était beaucoup plus grand qu’il ne fallait pour se chauffer au feu du roi, et que cette affluence de spectateurs n’était pas uniquement attirée par la beauté du cent de bourrées qui brûlait.