Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/172

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offrait cette particularité : d’un côté, il y avait Hésiode, Sophocle, Euripide, Platon, Hérodote, Thucydide, Pindare, Théocrite, Anacréon, Théophraste, Démosthène, Plutarque, Cicéron, Tite-Live, Sénèque, Perse, Lucain, Térence, Horace, Ovide, Properce, Tibulle, Virgile, et, au-dessous on Usait gravé en lettres d’or : AMO ; de l’autre, il y avait Eschyle seul, et au-dessous, ce mot : TIMEO.

Eschyle, en effet, est redoutable. Son approche n’est pas sans tremblement. Il a la masse et le mystère. Barbare, extravagant, emphatique, antithétique, boursouflé, absurde, telle est la sentence rendue contre lui par la rhétorique officielle d’à présent. Cette rhétorique sera changée. Eschyle est de ces hommes que le critique superficiel raille ou dédaigne, mais que le vrai critique aborde avec une sorte de peur sacrée. La crainte du génie est le commencement du goût.

Dans le vrai critique il y a toujours un poëte, fût-ce à l’état latent.

Qui ne comprend pas Eschyle est irrémédiablement médiocre. On peut essayer sur Eschyle les intelligences.

C’est une étrange forme de l’art que le drame. Son diamètre va des Sept Chefs devant Thèbes au Philosophe sans le savoir, et de Brid’oison à Œdipe.