Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/179

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il y a les vieillards. Fiez-vous pour le tapage aux vieillards des Guêpes d’Aristophane. Deux écoles sont en présence ; d’un côté Thespis, Susarion, Pratinas de Phlionte, Épigène de Sicyone, Théomis, Auléas, Chœrilus, Phrynichus, Minos lui-même ; de l’autre le jeune Eschyle. Eschyle a vingt-huit ans. Il donne sa trilogie des Prométhées : Prométhée allumeur du feu, Prométhée enchaîné, Prométhée délivré, terminée par quelque pièce à satyres, les Argiens, peut-être, dont Macrobe nous a conservé un fragment. L’antique querelle des deux âges éclate ; barbes grises contre cheveux noirs ; on discute, on dispute ; les vieillards sont pour les vieux ; les jeunes sont pour Eschyle. Les jeunes défendent Eschyle contre Thespis, comme ils défendront Corneille contre Garnier.

Les vieux sont indignés. Écoutez bougonner les nestors. Qu’est-ce que la tragédie ? C’est le chant du bouc. Où est le bouc dans ce Promethée enchaîné ? L’art est en décadence. Et ils répètent la célèbre objection : Quid pro Baccho ? « Qu’y a-t-il là pour Bacchus ? » Les plus sévères, les purs, n’admettent même pas Thespis, et rappellent que, pour le seul fait d’avoir détaché et isolé dans une pièce un épisode de la vie de Bacchus, l’histoire de Penthée, Solon avait levé son bâton sur Thespis en l’appelant « menteur ».