Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/216

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L’abbé Camus était un évêque d’esprit, chose rare en tout temps, et, qui plus est, un bon homme. Il eût mérité ce blâme d’un autre évêque, notre contemporain, d’être « bon jusqu’à la bêtise ». Cela tenait peut-être à ce qu’il avait de l’esprit. Il donnait aux pauvres tout le revenu de son évêché de Belley. Il s’opposait aux canonisations. C’était lui qui disait : Il n’est chasse que de vieux chiens et châsse que de vieux saints ; et quoiqu’il n’aimât pas les nouveaux venus de la sainteté, il était l’ami de saint François de Sales, sur le conseil duquel il fit des romans. Il raconte dans une de ses lettres qu’un jour François de Sales lui avait dit : L’Église rit volontiers.

L’art aussi rit volontiers. L’art, qui est un temple, a son rire. D’où lui vient cette hilarité ? Tout à coup au milieu des chefs-d’œuvre, faces sévères, se dresse et éclate un bouffon, chef-d’œuvre aussi. Sancho Pança coudoie Agamemnon. Toutes les merveilles de la pensée sont là, l’ironie vient les compliquer et les compléter. Énigme. Voici que l’art, le grand art, est pris, d’un accès de gaieté. Son problème, la matière, l’amuse. Il la formait, il la déforme. Il la combinait pour la beauté ; il s’égaye à en extraire la laideur. Il semble qu’il oublie sa responsabilité. Il ne l’oublie pas pourtant, car subitement, derrière