Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/263

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pour laquelle Shakespeare a fait ses drames, et s’écrie : Il faut bien manger !

Après ces paroles de Pope, on ne comprend guère à quel propos Voltaire, ahuri de Shakespeare, écrit : « Shakespeare, que les anglais prennent pour un Sophocle, florissait à peu près dans le temps de Lopez (Lope, s’il vous plaît, Voltaire) de Vega. » Voltaire ajoute : « Vous n’ignorez pas que dans Hamlet des fossoyeurs creusent une fosse en buvant, en chantant des vaudevilles, et en faisant sur les têtes des morts des plaisanteries convenables à gens de leur métier. » Et, concluant, il qualifie ainsi toute la scène : « Ces sottises ». Il caractérise les pièces de Shakespeare de ce mot : « Farces monstrueuses qu’on appelle tragédies », et complète le prononcé de l’arrêt en déclarant que Shakespeare « a perdu le théâtre anglais ».

Marmontel vient voir Voltaire à Ferney. Voltaire était au lit, il tenait le livre à la main, tout à coup il se dresse, jette le livre, allonge ses jambes maigres hors du lit et crie à Marmontel : — Votre Shakespeare est un huron. — Ce n’est pas mon Shakespeare du tout, répond Marmontel.

Shakespeare était pour Voltaire une occasion de montrer son adresse au tir. Voltaire le manquait rarement. Voltaire tirait à Shakespeare