Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/285

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ni avec la lorette fantaisie, qui de leur vie n’ont donné un baiser à cette va-nu-pieds, la muse, qui ne découchent pas, et dont leur portier, Nicolas Boileau, est content. Si Polymnie passe, les cheveux un peu flottants, quel scandale ! vite, ils appellent un coiffeur. M. de La Harpe accourt. Ces deux critiques sœurs, la doctrinaire et la sacristaine, font des éducations. On dresse les écrivains petits. On prend en sevrage. Pensionnat de jeunes renommées.

De là une consigne, une littérature, un art. A droite, alignement. Il s’agit de sauver la société dans la littérature comme dans la politique. Chacun sait que la poésie est une chose frivole, insignifiante, puérilement occupée de chercher des rimes, stérile, vaine ; par conséquent rien n’est plus redoutable. Il importe de bien attacher les penseurs. A la niche ! c’est si dangereux ! Qu’est-ce qu’un poëte ? S’il s’agit de l’honorer, rien ; s’il s’agit de le persécuter, tout.

Cette race qui écrit veut être réprimée. Recourir au bras séculier est utile. Les moyens varient. De temps à autre un bon bannissement est expédient. Les exils des écrivains commencent à Eschyle et ne finissent pas à Voltaire. Chaque siècle a son anneau de cette chaîne. Mais pour exiler, bannir et proscrire, il faut au moins des prétextes. Cela ne peut s’appliquer