Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/289

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fini ? jamais. Shakespeare est le semeur d’éblouissements. A chaque mot, l’image ; à chaque mot, le contraste ; à chaque mot, le jour et la nuit.

Le poëte, nous l’avons dit, c’est la nature. Subtil, minutieux, fin, microscopique comme elle ; immense. Pas discret, pas réservé, pas avare. Simplement magnifique. Expliquons-nous sur ce mot : simple.

La sobriété en poésie est pauvreté ; la simplicité est grandeur. Donner à chaque chose la quantité d’espace qui lui convient, ni plus, ni moins, c’est là la simplicité. Simplicité, c’est justice. Toute la loi du goût est là. Chaque chose mise à sa place et dite avec son mot. A la seule condition qu’un certain équilibre latent soit maintenu et qu’une certaine proportion mystérieuse soit conservée, la plus prodigieuse complication, soit dans le style, soit dans l’ensemble, peut être simplicité. Ce sont les arcanes du grand art. La haute critique seule, qui a son point de départ dans l’enthousiasme, pénètre et comprend ces lois savantes. L’opulence, la profusion, l’irradiation flamboyante, peuvent être de la simplicité. Le soleil est simple.

Cette simplicité-là, on le voit, ne ressemble point à la simplicité recommandée par Le Batteux, l’abbé d’Aubignac et le père Bouhours.

Quelle que soit l’abondance, quel que soit