Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/290

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’enchevêtrement, même brouillé, mêlé et inextricable, tout ce qui est vrai est simple. Une racine est simple.

Cette simplicité, qui est profonde, est la seule que l’art connaisse.

La simplicité, étant vraie, est naïve. La naïveté est le visage de la vérité. Shakespeare est simple de la grande simplicité. Il en est bête. Il ignore la petite.

La simplicité qui est impuissance, la simplicité qui est maigreur, la simplicité qui est courte haleine, est un cas pathologique. Elle n’a rien à voir avec la poésie. Un billet d’hôpital lui convient mieux que la chevauchée sur l’hippogriffe. .

J’avoue que la bosse de Thersite est simple, mais les pectoraux d’Hercule sont simples aussi. Je préfère cette simplicité-ci à l’autre.

La simplicité propre à la poésie peut être touffue comme le chêne. Est-ce que par hasard le chêne vous ferait l’effet d’un byzantin et d’un raffiné ? Ses antithèses innombrables, tronc gigantesque et petites feuilles, écorce rude et mousses de velours, acceptation des rayons et versement de l’ombre, couronnes pour les héros et fruits pour les pourceaux, seraient-elles des marques d’afféterie, de corruption, de subtilité et de mauvais goût ? le chêne aurait-il trop