Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/360

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sont diverses ; une génération n’est pas tenue de répéter l’autre ; Caton calquait Phocion, Trimalcion ressemble moins, c’est de l’indépendance. Vous autres vieillards de mauvaise humeur, vous voulez que nous nous émancipions ? Soit. Nous nous débarrassons de l’imitation de Timoléon, de Thraséas, d’Artevelde, de Thomas Morus, de Hampden. C’est notre façon de nous délivrer. Vous voulez de la révolte, en voilà. Vous voulez de l’insurrection, nous nous insurgeons contre notre droit. Nous nous affranchissons du souci d’être libres. Être des citoyens, c’est lourd. Des droits enchevêtrés d’obligations sont des entraves pour qui a envie de jouir tout bonnement. Etre guidés par la conscience et la vérité dans tous les pas que nous faisons, c’est fatigant. Nous entendons marcher sans lisières, et sans principes. Le devoir est une chaîne ; nous brisons nos fers. Que vient-on nous parler de Franklin ? Franklin est une copie d’Aristide, assez servile. Nous poussons l’horreur du servilisme jusqu’à préférer Grimod de la Reynière. Bien manger et bien boire est un but. Chaque époque a sa manière à elle d’être libre. L’orgie est une liberté. Cette façon de raisonner est triomphante, y adhérer est sage. Il y a eu, c’est vrai, des époques où l’on pensait autrement ; dans ces temps-là les choses sur lesquelles on marchait