Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/364

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on cherche à se venger du plaisir qu’elle vous fait, et ce mot, superbe, finit par avoir deux sens, dont l’un met en défiance contre l’autre. C’est la faute du beau, nous l’avons dit déjà. Il excède. Un croquis de Piranèse vous déroute ; une poignée de main d’Hercule vous meurtrit. Le grand a des torts. Il est naïf, mais encombrant. La tempête croit vous arroser, elle vous noie ; l’astre croit vous éclairer, il vous éblouit, quelquefois il vous aveugle. Le Nil féconde, mais déborde. Le trop n’est pas commode ; l’habitation de l’abîme est rude ; l’infini est peu logeable. Une maisonnette est mal située sur la cataracte du Niagara ou dans le cirque de Gavarnie ; il est malaisé de faire ménage avec ces farouches merveilles ; pour les voir habituellement sans en être accablé, il faut être un crétin ou un génie.

L’aurore elle-même nous semble parfois immodérée ; qui la regarde en face, souffre ; l’œil, à de certains moments, pense beaucoup de mal du soleil. Ne nous étonnons donc pas des plaintes faites, des réclamations incessantes, des colères et des prudences, des cataplasmes apposés par une certaine critique, des ophthalmies habituelles aux académies et aux corps enseignants, des précautions recommandées au lecteur, et de tous les rideaux tirés et de tous les