Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/439

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et voyons si tu as comme moi au talon de la poussière terrestre.

Si tu n’as pas de cette poussière, si tu n’as jamais marché dans mon sentier, tu ne me connais pas et je ne te connais pas. Va-t’en. Tu te crois un ange, tu n’es qu’un oiseau.

Aide des forts aux faibles, aide des grands aux petits, aide des libres aux enchaînés, aide des penseurs aux ignorants, aide du solitaire aux multitudes, telle est la loi, depuis Isaïe jusqu’à Voltaire. Qui ne suit pas cette loi peut être un génie, mais n’est qu’un génie de luxe. En ne maniant point les choses de la terre, il croit s’épurer, il s’annule. Il est le raffiné, il est le délicat, il peut être l’exquis ; il n’est pas le grand. Le premier venu, grossièrement utile, mais utile, a le droit de demander en voyant ce génie bon à rien : Qu’est-ce que ce fainéant ? L’amphore qui refuse d’aller à la fontaine mérite la huée des cruches.

Grand celui qui se dévoue ! Même accablé, il reste serein, et son malheur est heureux. Non, ce n’est pas une mauvaise rencontre pour le poëte que le devoir. Le devoir a une sévère ressemblance avec l’idéal. L’aventure de faire son devoir vaut la peine d’être acceptée. Non, le coudoiement avec Caton n’est point à éviter. Non, non, non, la vérité, l’honnêteté, l’enseignement