Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/448

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Les dragons et les hydres sont mal à l’aise. Pourquoi ? c’est qu’il y a là un dieu invisible.

Il est curieux de constater cette puissance de la poésie aux pays où la sauvagerie est la plus épaisse, particulièrement en Angleterre, dans cette dernière profondeur féodale, penitus toto divisos orbe Britannos. A en croire la légende, forme de l’histoire aussi vraie et aussi fausse qu’une autre, c’est grâce à la poésie que Colgrim, assiégé par les bretons, est secouru dans York par son frère Bardulph le Saxon ; que le roi Awlof pénètre dans le camp d’Athelstan ; que Werburgh, prince de Northumbre, est délivré par les gallois, d’où, dit-on, cette devise celtique du prince de Galles : Ich dien ; qu’Alfred, roi d’Angleterre, triomphe de Gitro, roi des Danois, et que Richard-Cceur-de-Lion sort de la prison de Losenstein. Ranulph, comte de Chester, attaqué dans son château de Rothelan, est sauvé par l’intervention des minstrels, ce que constatait encore sous Elisabeth le privilège accordé aux minstrels patronnés par les lords Dalton.

Le poëte avait droit de réprimande et de menace. En 1316, le jour de la Pentecôte, Edouard II étant à table dans là grande salle de Westminster avec les pairs d’Angleterre, une femme minstrel entra à cheval dans la salle, en fit le tour, salua Edouard II, prédit à voix haute