Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/499

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Louis XIII a donné la France à l’une ; l’autre a donné la France à la France. Le monument de la seconde ne doit pas être moins haut que le monument de la première. Il faut à Jeanne d’Arc un trophée grand comme Notre-Dame. Quand l’aura-t-elle ?

L’Angleterre a fait faillite à Shakespeare, mais la France a fait banqueroute à Jeanne d’Arc.

Ces ingratitudes veulent être sévèrement dénoncées. Sans doute les aristocraties dirigeantes, qui mettent la nuit sur les yeux des masses, sont les premières coupables, mais, en somme, la conscience existe pour un peuple comme pour un individu, l’ignorance n’est qu’une circonstance atténuante, et quand ces dénis de justice durent des siècles, ils restent la faute des gouvernements, mais deviennent la faute des nations. Sachons, dans l’occasion, dire leur fait aux peuples. France et Angleterre, vous avez tort.

Flatter les peuples serait pire que flatter les rois. L’un est bas, l’autre serait lâche.

Allons plus loin, et puisque cette pensée s’est présentée à nous, généralisons-la utilement, dussions-nous sortir un moment de notre sujet. Non, les peuples n’ont pas le droit de rejeter indéfiniment la faute sur les gouvernements.